Des Boules Aux Nez – 02/03/22
Le jeu en milieu carcéral ne fait pas partie des pratiques du métier de clown hospitalier portées par
la Fédé. Cependant, au vu des similitudes avec l’intervention en milieu de soins, et étant mis en
place par plusieurs associations de notre Fédération, nous avons jugé enrichissant d’en savoir plus
sur ce sujet.
Depuis 2017, Christian FANTON et Béatriz ORTEZ de l’association Des Boules Aux Nez, interviennent en milieu carcéral, rencontrant environ quinze détenus et leur famille chaque année, à la maison d’arrêt de
Périgueux et de Neuvic.
Comment se déroulent ces interventions ?
Des transmissions sont mises en place avant chaque intervention : les clowns sont informés de qui est le détenu qu’ils vont rencontrer, combien d’enfants seront présents, etc.)
Le détenu a le choix : La visite des clowns lui est proposée sur une partie de son temps de parloir (généralement un quart d’heure) avec son enfant et sa famille. Ils rencontrent les clowns dans une pièce à part du parloir dédiée à l’intervention.
Un projet né d’un besoin.
Ce projet d’intervention a été co-construit avec Juliette DURETETE, chargée de culture en milieu carcéral en Dordogne pour répondre à un besoin : celui de travailler sur la parentalité en milieu carcéral et la relation entre le détenu et son enfant.
En effet, les moments de parloir vont souvent être l’occasion pour le détenu de se
reconnecter avec le monde extérieur, or l’objectif de la visite des clowns va être de lui permettre de se reconnecter avec son enfant dans un moment de partage, festif, décalé, presque léger. Ces moments hors du temps sont pensés dans l’idée de soulager la souffrance psychologique de l’enfant et faciliter le lien avec son parent détenu.
Un travail similaire aux interventions en milieu de soin…
A l’instar des interventions en milieu hospitalier, l’adaptabilité est le mot d’ordre : Grâce aux transmissions, les clowns vont pouvoir s’adapter, par leur savoir-faire et savoir-être, au ton qui sera de mise pour chaque enfant et famille, en fonction de l’état général de l’enfant et sa famille, son âge, etc.
Mais qui présente tout de même des spécificités.
L’accent dans ces interventions va être porté sur la valorisation du détenu en tant que parent. Sans jugement et dans le secret professionnel, les clowns vont lui permettre de réenclencher ce rôle de parent, un premier pas essentiel à sa future réinsertion en société. Mais jouer dans une chambre d’hôpital, ce n’est pas jouer dans une prison.
Interrogés à ce sujet, Christian FANTON évoque les portes qui s’ouvrent et se ferment
presque sans discontinuité, tandis que pour Béatriz ORTEZ, c’est l’espace restreint qui
représente un challenge : C’est pourquoi les comédiens visitent le lieu de leur future intervention en amont pour s’en imprégner. Ils vont également prévoir, dans leur préparation, un temps d’échange avec les gardiens et le personnel afin de leur expliquer leur travail, l’approche professionnelle (ils ne vont pas “faire le clown” mais bien participer à un travail de parentalité).
En résumé
Après plusieurs années d’interventions, le constat est sans appel : les clowns ont toute leur
place en milieu carcéral ! Béatriz et Christian nous confient leur gratitude de pouvoir participer à ces moments forts en humanité où chaque rencontre est différente, et transformer un tel lieu en espace pour
l’imaginaire. Ils nous décrivent cette fois où une simple boîte d’aluminium est devenue une lumière, et armés d’un ukulélé, ils parviennent à faire chanter et danser une famille. Soudainement, ils n’étaient plus dans ce parloir de prison, ils étaient ailleurs, quelque part où l’imaginaire n’a plus de barrière.
Face à ces retours très encourageants, des projets sont en développement pour accueillir prochainement les artistes de Des Boules Aux Nez dans d’autres lieux, notamment une maison d’arrêt pour femmes.
D’autres associations suivent les pas de Des Boules Aux Nez en développant des projets d’intervention en milieu carcéral : Par exemple, Les Clowns Stéthoscopes ont initié fin 2021 des interventions de clowns au centre pénitentiaire de Gradignan (Gironde).